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Page:Collectif - Le diamant souvenirs de litterature contemporaine.pdf/231

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car la mer se retire ; on traîne à bras un canot ; on espère au moins sauver les hommes ; quant au vaisseau, il est perdu : la mer, en montant, doit le mettre en pièces.

Le canot est à la mer, mais il ne peut approcher. Un patron de bateau pêcheur, le brave Hénin, se débarrasse de ses vêtements, prend dans sa main une corde, et se jette à la mer. Personne n’ose le suivre. On le voit long-temps lutter contre les flots. Puis les yeux se reportent sur l’équipage, on est frappé de son immobilité ; nul signal ! Les malheureux n’ont-ils plus la force d’implorer du secours ?

Après une heure d’anxiété, on voit le brave Hénin toucher le vaisseau, un matelot lui jette une corde, mais la corde est retirée ; Hénin, sur le point de périr lui-même, est forcé de lâcher prise et de regagner la plage ; il veut se rejeter à la mer… Ses forces sont épuisées… Il faut renoncer à tout espoir de sauver l’équipage. La nuit tombe, la mer commence à monter, le bruit des vents, des vagues, ne permet point d’entendre les cris de ces malheureux ; plusieurs marins se sont mis à la mer pour tâcher de recueillir les naufragés. Henri, poussé par un sentiment invincible, se dévoue aussi, et brave la mer en fureur, pour sauver, s’il se peut, quelques victimes prêtes à expirer. L’obscurité redouble, les vents mugissent avec plus de violence que jamais. La mer force les plus intré-