Page:Collin - Trente poésies russes, 1894.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
TRENTE POÉSIES RUSSES


Comme elles, savourant la splendeur des rayons,
Les insectes légers viennent, en troupes folles,
Mêlés au gracieux essaim des papillons,
Près d’elles murmurer d’amoureuses paroles.

Pour les fleurs tout est joie et délice, au printemps ;
Combien, au pré natal, leur sont chères et douces
L’haleine des parfums autour d’elles flottants
Et l’adorable paix des herbes et des mousses !

Près de là, cependant, s’enroulant aux barreaux
De la grille de fer d’une étroite croisée,
Dont le jour vient à peine effleurer les carreaux,
Se balance une fleur sans soleil ni rosée.

Les fleurs des champs l’ont vue et, comparant son sort
À leur heureux destin, elles ont pitié d’elle.
Son printemps, un hiver ! et sa vie, une mort !
Aussi comme elle est pâle, et délicate et frêle !