Page:Collin - Trente poésies russes, 1894.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
LA FLEUR


Alors toutes ensemble elles lui disent : « Sœur,
Pourquoi ne viens-tu pas, dans la verte prairie,
De l’air libre avec nous respirer la douceur ?
N’attends pas qu’à jamais ta beauté soit flétrie.

« Il en est temps encor, pauvrette, si tu veux ;
Aux baisers du printemps, ta fraîcheur peut renaître ;
Si l’aube, dès demain, te ranime à ses feux,
Tu vivras. Quitte donc cette triste fenêtre.

« Quitte l’humidité de ces murailles. Viens
Parmi nous. On grandit ici calme et sans peine ;
Viens. De tous nos plaisirs tu peux faire les tiens.
Sinon, tu périras dans cette ombre malsaine.

— Non, répond-elle, non. Ma place est en ces lieux ;
J’y dois rester. Pourtant, ce n’est pas que j’ignore
Les splendeurs dont pour vous brille l’Avril joyeux,
Ni comme est bienfaisant le baiser de l’aurore.