Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/139

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— Je ne veux que vous tranquilliser, et vous prier, quand vous serez plus calme, de réfléchir à ce que je vous ai dit.

— Dit ?… Elle s’arrêta, tordit et détordit encore le linge que ses mains pressaient ; puis, se parlant tout bas à elle-même… Que disait-il donc ?… Puis, tournée vers moi et secouant la tête avec une sorte d’impatience… Pourquoi ne me venez-vous pas en aide, me demanda-t-elle brusquement.

— Soyez tranquille, lui dis-je. J’y suis tout disposé… Vous vous en apercevrez avant peu… Je vous demandais de voir demain miss Fairlie, et de lui dire toute la vérité concernant la lettre.

— Ah ! miss Fairlie… Fairlie… Fairlie !…

Articuler ce nom familier et chéri, on eût dit que cela suffisait pour apaiser son agitation. Sa physionomie se radoucit, et elle se ressembla de nouveau.

— Il ne faut pas avoir peur de miss Fairlie, continuai-je, ni peur d’être tourmentée au sujet de cette lettre. Elle en sait déjà si long à cet égard, que vous n’aurez aucune difficulté à lui tout apprendre. Là où presque tout est découvert, quel besoin de rien dissimuler ?… Vous ne nommez personne dans votre lettre, mais miss Fairlie sait parfaitement que celui dont vous l’entretenez est sir Percival Glyde…

Ce nom, à peine prononcé, la fit bondir de nouveau. Le cri qu’elle poussa, une fois debout, traversa le cimetière, et la terreur qu’il me causa me donna un battement de cœur à m’étouffer. L’expression terrible que son visage venait de perdre y reparut, plus sombre, avec une intensité double ou triple de ce qu’elle était naguère. Le cri que ce nom lui arrachait, la haine et la crainte qu’il réveillait en elle, m’apprirent tout. Ce n’était pas sa mère qui l’avait fait enfermer. Un homme restait, à ses yeux, responsable de cette énormité, — et cet homme était sir Percival Glyde.

D’autres oreilles que les miennes avaient recueilli la clameur aiguë. D’un côté, j’entendis ouvrir la porte du cottage occupé par le fossoyeur ; de l’autre, la voix de