Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/346

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— N’importe quoi ou qui ce peut être, dis-je, avançons toujours !… D’ici à deux minutes, si nous avons quelque sujet d’alarmes, nous serons assez près du château pour que nos cris y parviennent.

Nous marchâmes plus vite ; — si vite que Laura était hors d’haleine, lorsque, ayant traversé les plantations, nous nous trouvâmes en vue des fenêtres éclairées.

Je fis halte un instant pour lui donner le temps de respirer. Au moment où nous allions reprendre notre marche, elle me retint encore, et, de la main, me fit signe qu’il fallait écouter une fois de plus. Nous entendîmes alors toutes deux, très-distinctement, derrière nous, dans la noire profondeur du bois, un soupir haletant et pénible.

— Qui est là ? criai-je.

Pas de réponse.

— Qui est là ? répétai-je encore plus haut.

Suivit un moment où rien ne bougea, et nous entendîmes ensuite de nouveau ces pas légers, dont le bruit allait s’affaiblissant, — s’enfonçant peu à peu dans les ténèbres, — toujours de moins en moins distinct, — jusqu’à ce qu’il se fût absolument perdu dans le silence.

Nous nous élançâmes, du couvert où nous étions encore, sur la clairière ouverte devant nous ; nous la traversâmes en courant ; et aucune autre parole n’avait été échangée entre nous quand nous parvînmes au château.

Sous la clarté de la lampe qui éclairait le vestibule, Laura m’apparut, les joues blêmies, les yeux effarés.

— Je suis à moitié morte de peur, disait-elle. Qui donc ceci pouvait-il être ?

— Nous tâcherons de le deviner demain, répondis-je. D’ici là, pas un mot, à qui que ce soit, de tout ce que nous avons pu voir ou entendre ?

— Et pourquoi tant de mystère ?

— Parce que le silence est plus sûr ; — et que nous avons, ici, besoin de sécurité…

J’envoyai immédiatement Laura dans sa chambre ; — je pris une minute pour ôter mon chapeau et lisser mes