Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/354

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» En vous assurant, en toute sincérité, de la bonne volonté que je mettrais, le cas échéant, à vous donner toute aide ou tout conseil dont vous pourriez avoir besoin, je demeure, madame, votre très-humble serviteur.

» William Kyrle.

Je lus avec une vraie reconnaissance cette lettre si bonne et si sensée. Elle fournissait à Laura, pour refuser ou ajourner sa signature, une raison irréfutable et que nous pouvions comprendre toutes les deux. Le messager attendait près de moi, pendant cette lecture, pour recevoir mes ordres quand elle serait terminée.

— Serez-vous assez bon pour dire que j’ai fort bien compris ce que l’on m’écrit, et que je suis très-obligée à la personne qui vous envoie. Il n’est besoin, quant à présent, d’aucune autre réponse…

Juste au moment où je prononçais ces mots, tenant encore à la main ma lettre ouverte, le comte Fosco débouchait à l’angle du petit chemin, le plus proche de la grande route, et il parut devant moi tout à coup, comme s’il était sorti de terre.

La soudaineté de sa venue, dans le dernier endroit du monde où je me fusse attendue à le voir, me prit complètement au dépourvu. Le messager me souhaita le bonjour et remonta dans son cabriolet. Je ne trouvai pas un mot à lui dire, — je ne pus même lui rendre son salut. La conviction que j’étais déjà découverte, — et par cet homme, encore, — m’avait littéralement pétrifiée.

— Est-ce que vous retournez au château, miss Halcombe ? me demanda-t-il sans témoigner de son côté la moindre surprise, et sans même regarder le cabriolet qui s’éloigna tandis que le comte m’adressait la parole.

Je me remis assez pour lui répondre par un signe affirmatif.

— Eh bien ! j’y retourne aussi, me dit-il, accordez-moi, je vous prie, la faveur de vous accompagner… Voulez-vous accepter mon bras ?… Vous semblez émerveillée de me voir ?