Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/477

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les premiers mois de mon veuvage, — et de chaque lecture nouvelle je tire un surcroît de bénéfice spirituel, un surcroît d’édification.

L’état de miss Halcombe ne s’améliorait pas, et même la seconde nuit fut pire que la première. Les soins de M. Dawson étaient fort assidus. Quant aux devoirs pratiques de la garde-malade, nous nous les partagions encore, la comtesse et moi ; lady Glyde persistant toujours à veiller avec nous, malgré nos instances réitérées pour qu’elle voulût bien consentir à prendre quelque repos : — Ma place est au chevet de Marian, se bornait-elle à nous répondre : que je sois malade ou bien portante, rien ne saurait me résoudre à la perdre de vue un seul instant…

Vers midi, je descendis pour vaquer à quelques-uns de mes devoirs quotidiens. Une heure après, remontant auprès de la malade, je vis le comte (qui pour la troisième fois était sorti, dès le matin) entrer sous le vestibule avec tous les dehors de la bonne humeur. Sir Percival, au même moment, passant la tête à la porte de la bibliothèque, interpella son noble ami avec une extrême vivacité, textuellement en ces termes :

— L’auriez-vous découverte ?

L’ample visage de Sa Seigneurie se couvrit de fossettes souriantes, mais il n’articula pas un seul mot de réponse. Au même instant, sir Percival tourna la tête, et me voyant avancer vers l’escalier, me jeta un regard empreint de l’irritation la plus brutale.

— Entrez ici, et contez-moi l’affaire ! dit-il au comte. Quand on a des femmes chez soi, on est toujours sûr de les trouver montant ou descendant l’escalier.

— Mon cher Percival, remarqua Sa Seigneurie avec bonté, mistress Michelson a ses devoirs. Veuillez reconnaître, comme je le reconnais moi-même, en toute sincérité, qu’elle sait admirablement bien les remplir… Comment va la malade, mistress Michelson ?

— Elle ne va pas mieux, mylord, j’ai regret de vous le dire.

— Triste ! très-triste ! remarqua le comte. Vous avez l’air fatiguée, mistress Michelson. Il est temps, bien cer-