Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/551

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Telle était la première partie du « post-scriptum ». La seconde avertissait M. Fairlie que l’infirmité mentale d’Anne Catherick s’était aggravée par suite de la liberté entière qui lui avait été laissée pendant quelque temps ; et que sa haine, sa méfiance folle à l’égard de sir Percival Glyde, lesquelles jadis étaient un des traits les plus marqués de sa maladie, existaient encore, mais sous une forme nouvelle. La dernière idée conçue par cette infortunée, relativement à sir Percival, était celle de l’inquiéter et de lui nuire, — et, en même temps, elle croyait peut-être se relever par là aux yeux des autres malades et de leurs gardiens, — en se donnant pour la défunte femme du baronnet ; la conception de cet étrange plan s’étant offerte à elle, bien évidemment, à la suite de l’entrevue secrète qu’elle était parvenue à se procurer avec lady Glyde, et durant laquelle elle avait pu remarquer la ressemblance extraordinaire que le hasard avait mise entre elle et la défunte lady. Il était improbable au plus haut point qu’elle réussît une seconde fois à s’échapper de l’hospice ; mais il se pouvait qu’elle trouvât le moyen d’assiéger de ses lettres les parents de lady Glyde ; et, dans cette hypothèse, M. Fairlie, prévenu d’avance, saurait comment les recevoir.

Le « post-scriptum », rédigé en ces termes, fut montré à miss Halcombe dès son arrivée à Limmeridge. On la mit aussi en possession des vêtements que lady Glyde avait portés et du surplus des effets qui, en même temps qu’elle, étaient arrivés chez sa tante. Madame Fosco les avait soigneusement recueillis et envoyés dans le Cumberland.

Telle était la situation des affaires, lorsque, dans la première moitié de septembre, miss Halcombe revint à Limmeridge.

Peu de temps après, une rechute la confina chez elle, ses forces physiques, déjà fort diminuées, ne pouvant tenir contre l’affliction qui la torturait. Lorsqu’elle se rétablit, au bout d’un mois environ, ses soupçons subsistaient encore, inébranlables. Dans l’intervalle, elle n’avait pas entendu parler de sir Percival Glyde ; en revanche,