Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/676

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mité d’un champ, je le traversai dans le sens de sa longueur, le dos à la route. J’entendis les hommes, toujours courant, passer devant la barrière ; — puis, la minute d’après, l’un d’eux qui criait à l’autre de s’en revenir. Peu m’importait, maintenant, ce qu’ils pourraient faire ; ils ne m’entendaient, ils ne me voyaient plus. Je continuai à traverser le champ en ligne droite, et, parvenu à l’autre bout, je m’arrêtai une minute pour reprendre haleine.

Il ne fallait pas songer à retourner sur ce chemin si mal hanté. Pourtant, j’étais bien résolu à gagner, ce même soir, le Vieux-Welmingham.

Ni lune ni étoiles pour me guider. Je savais seulement, qu’en partant de Knowlesbury, le vent et la pluie me venaient à dos ; et si, maintenant, je continuais à les recevoir ainsi, j’avais au moins cette certitude que je ne rebrousserais pas chemin dans une direction absolument opposée.

En vertu de ce calcul, je pris à travers champs, ne trouvant pour obstacle que des haies, des fossés, des bouquets de bois, lesquels, çà et là, me contraignaient à modifier, pour quelques instants, la direction générale de ma course. Je finis par me trouver au bas d’une colline dont le sol montueux s’élevait devant moi par une pente fort raide. Redescendant cette pente que j’avais commencé à gravir, je me fis jour comme je pus à travers une haie, et débouchai de la sorte dans une espèce de sente étroite. J’avais tourné à droite en quittant la route ; je repris maintenant à gauche, me ménageant ainsi la chance de regagner la ligne dont je m’étais écarté. Après avoir suivi pendant dix minutes environ, les fangeux méandres de ce petit sentier profondément encaissé, j’aperçus un cottage dont une des fenêtres était éclairée. La porte du jardin ouvrait sur la petite voie où j’étais ; j’y pénétrai tout aussitôt pour me faire indiquer mon chemin.

Avant que j’eusse pu frapper à la porte, elle s’ouvrit brusquement, et un homme en sortit d’un pas rapide, une lanterne à la main. Il s’arrêta, et me la porta au visage dès qu’il me vit. En nous reconnaissant l’un l’autre,