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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/107

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

que la vie lui avait été dure parfois. Une fillette de deux ans à peine, pendue à sa jupe, gênait tous ses mouvements. Elle l’enleva dans ses bras, l’assit sur un morceau de tapis acheté d’occasion, et lui donna une poupée de caoutchouc que l’enfant se mit à mordiller, comme un petit chien une balle de son. C’était une fillette toute menue, avec des yeux noirs trop grands dans sa figure jaunâtre, un peu vieillotte, comme tirée déjà par le souci. Son aspect souffreteux contrastait avec la fraîcheur de sa mère, et cependant le tapis sur lequel elle jouait, le petit fauteuil d’osier, la poupée, attestaient que celle-ci, malgré sa pauvreté, lui voulait donner un peu de ce bien-être que les petits des riches trouvent dans leur maison. C’était par amour que cette mère s’enfermait ainsi dans cette mansarde, afin que sa fille du moins y fût soignée par elle, au lieu d’être livrée plus longtemps aux mercenaires qui l’avaient laissée dépérir.

Geneviève, pour se donner du cœur, chantonnait maintenant en faisant le lit qu’elle partagerait avec sa fille, en serrant dans l’étroit