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La salle où elle entra n’était pas peuplée de
femmes seulement. Au milieu d’ouvrières et
d’employées s’élevaient, noirs et raides, des
mannequins de diverses tailles sur lesquels
des mains rapides passaient et enlevaient des
corsages. Flanquée de ces serviteurs muets,
mademoiselle Marthe se tenait à quelque
distance d’un groupe d’ouvrières qui défaisaient
les toilettes noires qu’elles portaient au bras
pour en sortir des chemisettes d’aspect
commun. La première, au moment où Gene-
viève pénétra dans l’atelier, venait d’essayer
sur le mannequin un corsage de lainage grenat
qui sans doute s’adaptait mal aux mesures, car
elle s’écria :
-
Un quarante-quatre, ça ! un trente-huit
plutôt ! En voilà de l’ouvrage cochonné !
Regardez-moi ce col, il lui manque trois centi-
mètres. Et ces manches ! Ah ! elles sont bien
montées ! Allons, ouste, remportez-moi ça, et
refaites-le proprement.
L’ouvrière, une petite rousse aux yeux vifs,
se rebiffa.
— Le col était mal coupé, madame, je
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE