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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/16

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Armandine en suivant d’un œil attendri la petite robe grise maintenant arrêtée au premier étage.

Le cœur de Geneviève battait. De toutes ses nouvelles fonctions, dont la multiplicité ne laissait pas que de l’ahurir, nulle ne lui paraissait plus périlleuse que celle du service matinal dans la chambre de ses maîtres. Elle entrait à pas feutrés, craintifs ; n’allait-elle pas se heurter aux meubles enveloppés d’obscurité, renverser l’eau sur le tapis, casser un bibelot ? Ce n’était pas sans gêne qu’elle allait ensuite ouvrir les rideaux, projeter la lumière sur le grand lit où monsieur et madame Varenne s’éveillaient côte à côte. Elle faisait vite, avec des gestes épeurés, presque froissée, dans ses pudeurs d’orpheline, d’être initiée à cette intimité, comme un petit animal familier.

Ce service accompli à la hâte, elle monta dans sa chambre au second étage, mit son bonnet blanc et fut en bas, prête à accompagner mademoiselle, avant que celle-ci eût achevé de déjeuner.

Une serviette bourrée de livres était posée