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paiera cette semaine, les trois francs de sa
machine.
La terreur d’entamer ses derniers dix francs
lui donne du courage. Elle implore :
-
Cinq sous ? vous savez bien que je n’en
ferai pas plus de sept par jour, madame. Ça
vaut six sous, au moins, même en morte.
C’est cinq sous ou rien, répète mademoi-
selle Marthe irritée.
Moi, je les fais pour quatre sous ; j’ai pas
peur de l’ouvrage.
Et madame Renaud tend sa main sèche et
avide.
-
Je les prends s’écrie Geneviève.
-Trop tard, madame la mijaurée ! Adjugé,
et mademoiselle Marthe lance le paquet à la
femme du couvreur.
Oh ! s’écrie Geneviève qui se retourne
comme une lionne vers sa voisine, c’est abomi-
nable. Votre mari gagne dix francs par jour, et
ma fille n’a que moi !.
-
Dans ce cas-là, on ne fait pas la dégoûtée,
répond mademoiselle Marthe. Et pas de scène
ici, s’il vous plaît.
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE