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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/178

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

y avait des gens qui jouissaient de ce beau spectacle tous les jours ! qui, au lieu de s’en aller hâtifs, par les rues étroites et populeuses, pouvaient flâner le long de ce quai merveilleux, boire l’air pur, et s’emplir les yeux de lumière ! Il y en avait d’autres qui achetaient ces plantes, épanouies comme un parterre, et qui les emportaient dans leurs demeures ! Ah ! oui, ceux-là devaient avoir de la joie à vivre ! Oh ! que le panier de la bouquetière était tentateur !

— Deux sous la violette, deux sous, fleurissez-vous mesdames !

Non, Geneviève n’a pas le droit d’avancer la main. Il lui faut se sauver dans sa mansarde, car dix corsages à cinq sous l’y attendent qui lui donneront, tout de même, de quoi soutenir quelques heures encore ses forces défaillantes et celles de sa fille ! Ah ! pourquoi aime-t-elle encore les jolies choses, les belles églises comme celle dont la flèche dorée s’élance sur le ciel, la musique, les fleurs ? Les fleurs suaves qui font oublier les affronts, les soucis, la faim !