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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/177

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

colonnes qui entourent une vaste cour quadrangulaire des hommes et des femmes qui allaient et venaient, ou conversaient entre eux avec animation. Ainsi, il y en avait d’autres qui, frustrés comme elle, venaient se plaindre et réclamer justice. « Oui, pensa-t-elle, il ne faut pas se laisser traiter en esclave : il faut se défendre. » Ce courage nouveau qui naissait en elle la souleva un moment au-dessus de sa misère, et, lorsqu’elle se trouva sur le quai, son cœur était moins lourd.

Le ciel brillait au-dessus du fleuve presque bleu qui baigne les tours séculaires où gémirent tant de captives ! Les trottoirs disparaissaient sous les plantes fleuries que les marchandes étaient venues offrir depuis le matin aux passants avides de fraîcheur et de parfum. Les yeux de la jeune femme, encore brûlants des longues veillées, se posèrent sur des bouquets d’azalées, roses comme un lever de soleil ! Mon Dieu, qu’elles étaient belles ces fleurs ! et qu’ils embaumaient les petits bouquets de violettes qu’une de ses sœurs de misère portait entre ses bras ! Et il