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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/181

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Au reçu de sa convocation, Geneviève s’empressa d’aller trouver Morin, et celui-ci qui devina sa crainte et son désir secret, lui offrit amicalement de l’accompagner.

— Emmenez aussi Nénette, lui conseilla-t-il. Moi je resterai naturellement dans l’auditoire lorsque viendra votre tour, mais vous vous avancerez devant le tribunal avec votre petite et sa présence remplacera la plaidoirie que vous ne sauriez prononcer. D’ailleurs, n’ayez pas peur : votre affaire est bonne.

Et dans le regard qui accompagna ces mots, plus encore que dans leur assurance, Geneviève puisa un regain de courage.

Une chose qui la tourmentait toujours, c’était l’état de ses chaussures. Elles étaient si laides, si éculées, avec des trous à la semelle, et des fentes sur les côtés ! C’était dur de s’en aller devant le monde avec des souliers pareils, qu’elle ne pouvait cacher sous sa jupe courte. Enfin puisqu’ils lui tenaient encore aux pieds, elle ne se décida pas à vendre la petite bague en turquoises (conservée au travers de tant d’épreuves), pour les remplacer. Si elle