Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

touchait les neuf francs qu’on lui devait, elle pourrait, pour quatre francs cinquante, acheter une paire de chaussures d’occasion à un marchand qu’elle avait remarqué aux abords du Palais de Justice. C’est égal, cela lui faisait un peu honte pour Morin qu’on le vît avec une camarade si misérablement chaussée ! Heureusement sa robe (un tailleur gris foncé) était passable encore, et quant à Nénette elle était jolie à croquer dans son petit manteau bleu : elle n’avait vraiment pas l’air d’un enfant de « pauvre ».

Bien que la route ne fût pas longue, Morin voulut qu’on prit l’autobus : Il y avait beau temps que Geneviève n’avait été gâtée ainsi ! La bonté de l’ouvrier lui rappelait bien plutôt celle de Marguerite que l’amour de Bernard. Auprès de lui, elle n’éprouvait nulle gêne. Jamais encore son regard n’avait fait baisser le sien. Assise à côté de lui, elle ne sentait pas son désir rôder autour de sa chair avertie et méfiante aujourd’hui. Non, il était avec elle comme un bon camarade et lorsqu’à la descente de l’omnibus il enleva Nénette