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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/205

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

terie grossière et, pour finir, payait ses ouvrières non pas bien, mais moins mal que les maisons d’entreprise, ainsi que Clémence l’avait prévu.

Il avait pour aide une première, grande et grosse comme lui, mais brune et née dans les campagnes de l’Île-de-France, et non dans les plaines de l’Elbe ; finaude aussi sous des dehors bonasses et familiers, âpre au gain et non dénuée de pitié.

Cependant, Joseph Heim dont le passé eût exhalé peut-être, une odeur nauséabonde avait exercé mille et un métiers au delà et en deçà du Rhin avant de se mettre dans la confection pour dames. Il lui restait de ces mauvais jours un souvenir trop cuisant pour qu’il ne fût pas résolu à écraser son prochain sans miséricorde, plutôt que de retomber dans la détresse, mais aussi un vague sentiment de camaraderie avec les misérables dont les peines lui étaient plus familières qu’aux grands entrepreneurs qui vivent luxueusement et n’ont jamais connu la gêne. S’il avait pu faire payer la clientèle, il n’eût pas demandé