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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/206

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

mieux que de couvrir d’or les malheureuses qui venaient solliciter du travail, et qui, malgré les jurons et les insultes dont, au besoin, il les gratifiait, arrivaient cependant à gagner chez lui trois francs par jour et même un peu plus.

Il se tenait dans son bureau lorsque la première, madame Charles, l’appela pour examiner le modèle que présentait Geneviève. Dans ses larges mains il saisit le corsage léger, fit craquer quelques points ; puis prenant entre ses doigts le menton de la jeune femme :

— Hein ! On coudra mieux ? On ne sabotera pas l’ouvrage ? Ici les saboteuses on les fout dehors. Allons, allons, ne pleurez pas, vous avez de jolis yeux ; répétez la chemisette pour dix-huit sous. Hein ! c’est bien payé ?

Et avec un gros rire, il lâcha enfin le menton mince et pâle sur lequel sa patte rougeaude laissa une marque.

Madame Charles mesura l’étoffe, et, comme Geneviève avait eu la précaution de lui