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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/207

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

apporter quelques fleurs, elle lui dit avec un sourire :

— Si c’est bien fait, vous en aurez d’autres.

Joyeuse, Geneviève en s’en allant, courbée sous un lourd paquet, calcula qu’en deux jours elle pourrait gagner sept francs ! Ainsi l’effroyable possibilité d’être réduite à la plus grande misère semblait reculer un peu. Cependant elle craignait, à cause de la morte-saison de janvier et de février, de ne pouvoir payer son terme d’avril. Aussi se mit-elle au travail avec acharnement, ne s’accordant pas un après-midi du dimanche, et veillant la nuit jusqu’à onze heures. Si elle arrivait à ne devoir que la moitié du terme, le propriétaire, sans doute, prendrait patience.

Ainsi elle allait, chassée d’un souci à un autre, puisque, aujourd’hui qu’elle avait des chaussures aux pieds, il lui arrivait de redouter de se trouver sans toit. Souvent, en tirant l’aiguille, ou plutôt aux courts moments de trêve, elle songeait à Morin et regrettait de le voir si rarement. Elle ne le rencontrait guère, car ils ne travaillaient plus dans le même