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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Dès lors, elles se rendirent quelques petits services professionnels, l’une allant chercher ou rapporter l’ouvrage de l’autre, et une bonne camaraderie s’établit entre elles. Peut-être la mère Renaud jugea-t-elle qu’il lui était, somme toute, avantageux de se faire l’alliée de Geneviève, peut-être au fond du cœur, éprouvait-elle une honte secrète au souvenir du jour où elle enleva à sa misérable voisine, le travail douloureusement convoité. Elles firent même ensemble une expérience d’une nature toute contraire, et dont l’initiative, par un étrange retour, remonta à madame Renaud.

Celle-ci eut un jour vent que le patron se proposait de ramener à seize sous la façon d’un corsage qui avait été fixée à dix-huit. On était à la fin de février, et le travail reprenait ; l’occasion était bonne pour refuser la diminution dont madame Renaud avertit Geneviève un après-midi qu’elles se rendaient ensemble au Magasin.

— Faudra pas accepter, insista madame Renaud. Il n’a que nous pour bien faire ce corsage-là, et il tient à vous. Tenez votre prix ;