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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/275

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

D’un seul coup d’œil elle a deviné le larcin et compris le désespoir de sa fille. Elle se laisse tomber sur une chaise à côté de la table, où il ne reste plus qu’une bouteille ourlée d’un petit cercle blanc et elle sanglote aussi en attirant à elle l’enfant effrayée. Elle sanglote longtemps, savourant leur misère, la misère de cette petite affamée, lorsque l’autre s’éveille et crie pour être nourrie.

— Chut Nénette ! ne pleure plus, maman pardonne. Tiens, donne à boire à Paulette et sois sage.

Dans la tasse elle verse le reste du lait, la remplit d’eau, puis comprime au creux de l’estomac la crampe qui l’étreint.

Le silence s’est fait dans le taudis. On. n’entend plus que la déglutition régulière de l’enfant, en attendant que sa faim, trompée seulement, s’affirme bientôt par des cris nouveaux. Nénette, sa petit figure souillée de larmes, soutient le verre de sa menotte amaigrie. L’appréhension d’un danger inconnu retient son souffle. Maman est encore rentrée les mains vides ; on n’a plus de pain, plus de