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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/276

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

lait, plus de sous du tout ! Et l’effroi de l’avenir passe dans le regard qu’elle jette à la dérobée sur sa mère affalée auprès de la table nette.

« Je vais retourner au magasin », dit enfin celle-ci en se levant. Elle priera, elle suppliera tant, que le patron se laissera, fléchir. Pourquoi subitement s’est-il montré si dur, lui qui, au printemps, lui a rendu service ? Elle a cependant restitué l’argent avancé pour l’enterrement du grand-père. Si son cerveau n’était pas troublé, peut-être comprendrait-elle que ce fut là le crime qu’elle expie.

Une recommandation à Nénette d’être bien sage, et la voilà dans l’escalier. Il est sordide comme celui de la maison d’où elle a été chassée, mais il ne lui est pas encore devenu familier. Elle ignore quels sont les hommes et les femmes qui vivent derrière ces portes closes ; s’ils ont des cœurs pitoyables ou fermés. D’ailleurs, d’autres désolations que la sienne ont visité l’ancienne demeure. Clémence a été envoyée dans un sanatorium, et sa mère, en attendant sa guérison ou sa mort, vit du produit de ses boas. Rose a réalisé son projet et