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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

j’étais rancunier ; oui, mais vous, ma petite, vous n’êtes guère reconnaissante.

Elle lève les yeux et va protester. C’est parce qu’elle sait qu’il est bon qu’elle est revenue l’implorer. Elle n’a pas oublié le service rendu.

Mais les paroles s’arrêtent sur ses lèvres devant l’expression qui change le regard de l’homme, devant la lèvre lippue qui s’avance, elle a compris de quelle sorte de reconnaissance il veut parler.

Son cœur s’affole ; le sang afflue à ses joues, elle joint les mains et murmure :

— Mes enfants !

— Parbleu, tes enfants, je m’en fiche ! Mais toi, tu es encore un joli brin de femme !

Il la pousse, il la pousse vers le divan de cuir usé, avec des gestes obscènes qui l’épouvantent.

Oh ! son instinct à elle est de crier, de fuir par la porte mal fermée. Elle va lever sa main pâle, à l’index noirci, contre la brute qui la saisit, mais une vision arrête son geste, éteint sa voix : celle de Nénette affamée devant la