Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Heim est assis devant une table qui tient toute la longueur de la pièce étroite. Derrière lui, s’allonge une sorte de large banquette de cuir noir éraillé. Son pardessus et son chapeau sont accrochés à une patère. Aux murs, quelques rayons de livres de comptabilité reliés de vert.

Geneviève se tient debout, en attendant que le maître ait terminé ses. écritures. Enfin, il lève la tête, pose sa plume, regarde la femme et dit : « Hé bien ? »

Tremblante elle répète sa prière douloureuse. Il sent qu’elle dit vrai, que dans sa pauvre robe plus un centime n’est caché. Sa rancune et sa lubricité vont être satisfaites.

Il se lève et se plante en face d’elle, les mains dans ses poches, le dos appuyé à la table.

— Alors comme ça, on ne demande plus d’augmentation ?

Elle ne répond pas. C’est si loin cette histoire-là ! Pourquoi veut-il l’humilier ?

— Oh ! ce n’est pas que je vous en veuille, petite mauvaise tête. Je vous l’ai montré, si