Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

quelques mois… auprès de Marguerite, elle connut la joie d’aimer… Marguerite ? Elle n’a jamais répondu. Elle a oublié. Elle est heureuse, heureuse parce qu’elle est riche !

Allons les pauvres femmes, qu’on vide le plancher ! Il n’est de place pour vous ici-bas, que dans la misère ou l’ignominie. Ah ! si les petites étaient des garçons, elle hésiterait peut-être à les tuer ; mais des filles ? de la graine d’ouvrières, c’est les aimer que de les faire tomber doucement dans la mort.

Elle se lève ; dans un sursaut de désespoir, elle déchire l’enveloppe grise ; elle tire un à un les morceaux de charbon et les dispose sur le réchaud. Les voilà qui s’allument. La porte est bien close, et la fenêtre aussi. Pourvu que cela ne soit pas long ! Elle est si lasse !

Elle se couche entre ses deux fillettes, elle les entoure de ses bras, ferme les yeux. Qu’on est bien ainsi !…

Elle ne distingue plus le crépitement des tisons ; elle aspire l’âcre odeur… une langueur la gagne, c’est le sommeil, c’est le repos, l’oubli…