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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/292

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

jamais de son travail, une petite chair à maladie comme Clémence, puisqu’elle ne sera pas une chair à plaisir comme Marcelle. Ah ! il ne faut pas avoir d’enfants quand on est pauvre !

Elle a bien songé à mourir seule et à confier ses filles à l’Assistance Publique, mais elle ne veut pas. L’Assistance les mettra dans un orphelinat dont elles sortiront pour être misérables comme leur mère ? Il vaut mieux mourir ensemble !

Oui, elle a bien réfléchi, autant que son pauvre cerveau anémié et torturé peut réfléchir encore : le mieux, c’est de mourir toutes les trois. Hier, elles sont allées se promener sur les ponts, mais le parapet était trop haut et l’eau trop noire. Elle a manqué de courage. Ce soir, ce sera plus facile. Les petites reposent déjà. Le charbon libérateur est là ; elles vont s’endormir ensemble pour ne plus se réveiller.

Ah ! elle ne regrettera pas cette vie qui a brûlé ses yeux, vidé sa peau, souillé sa chair, qui ne lui a montré le bonheur que pour lui faire mieux sentir l’horreur du malheur.

Elle rêve. Avec Morin, elle eut la vie douce