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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/296

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

quand la nouvelle a couru par l’hôpital : « On apporte une femme qui vient de se suicider avec ses deux enfants », elle a été secouée d’un grand frisson de pitié ! mais qu’est-elle devenue quand, penchée sur la mourante, elle a retrouvé sous ces traits déformés, ceux de la sœur perdue. Elle doute encore. Cette pauvresse qui tenait entre ses bras le cadavre d’un petit enfant, est-ce bien Geneviève ? Son cœur lui crie oui ; avidement elle interroge ce front et cette bouche, mais voici les yeux qui s’ouvrent, les beaux yeux bruns ! ils promènent autour d’eux des regards égarés qui rencontrent le jeune visage que la détresse ni la maladie n’ont rendu méconnaissable, et soudain, une lueur de joie les éclaire. Les mains de la moribonde esquissent un geste d’appel, elle a reconnu Marguerite !

Un cri de douleur et d’amour lui répond, et devant ses camarades stupéfaits, l’étudiante saisit la pauvresse dans ses bras et réchauffe de ses baisers cette figure marbrée ! Geneviève ne comprend pas ; mais elle sent la chaleur des caresses, elle ne s’étonne pas d’entendre la