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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/297

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

voix inoubliée murmurer le doux mot de tendresse : « ma sœur ». Une douceur infinie la pénètre qui abolit encore le souvenir. Elle clôt les yeux et sur sa face apaisée, flotte le bonheur qu’elle n’a su nommer.

Ce calme ne dure pas, la voici la proie des forces brutales de la vie. Son maigre corps est soulevé par les hoquets. Marguerite a pris auprès d’elle la place de l’infirmière. Le chef qui devine un drame et voit la malade sauvée, s’éloigne avec sa suite, après avoir donné les instructions nécessaires, et les deux sœurs restent seules dans la petite salle isolée, tandis que les filles de service vont et viennent dans le couloir : Geneviève est retombée sur ses oreillers, anéantie ; rêve-t-elle ? Soudain, la conscience renait dans l’organisme purifié, elle se soulève sur sa couche et un cri déchirant s’échappe de ses lèvres : « Mes enfants ! »

La voix qu’elle aime la rassure : les enfants sont là, à côté ; d’autres internes les soignent, elles reposent. Que Geneviève soit calme, bientôt elle les reverra. Et Marguerite sourit pour cacher l’épouvante de son cœur. Elle ment