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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/309

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

pensable à Geneviève et, qu’inconsciemment, elle désirait pour elle-même ? Les années de lutte sourde avec sa mère et son frère avaient été dures pour son cœur aimant et aujourd’hui, après les émotions qu’elle venait d’éprouver, elle se sentait faible et perdue devant la vie.

Trois quarts d’heure elle attendit en un salon meublé de lourds fauteuils de province, banal avec sa table couverte de journaux illustrés, mais embelli du spectacle de la vie fluviale largement offert par les fenêtres sans rideaux. La Seine coulait entre les vieux arbres dont les délicates ramures voilaient d’un fin réseau les bateaux amarrés au bord du quai, et derrière les massives constructions de la Préfecture de Police, la flèche de la Sainte-Chapelle profilait ses ciselures sur le ciel gris. En se penchant, on apercevait les tours de Notre-Dame, dont l’inaltérable beauté domine la cité depuis tantôt mille ans. Un apaisement descendait de ces choses anciennes qui contemplèrent tant de luttes et tant de désespoirs et qui semblent survivre intangibles et immuables.