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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/316

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

De rares journalistes occupaient le banc de la presse ; quant au public debout, il ne s’écrasait pas non plus dans l’étroit espace qui lui est réservé.

Les journaux n’avaient point d’ailleurs annoncé le procès qui allait se dérouler ; la photographie de l’accusée n’avait pas illustré leurs premières pages, ni sa biographie exercé l’ingéniosité des reporters ; à peine quelques-uns avaient-ils mentionné en dix lignes hâtives le drame obscur qui la conduisait au banc d’infamie.

Pourquoi l’opinion se serait-elle occupée de sa personnalité effacée ? Elle n’était point une hystérique du mensonge ; elle n’avait séduit ni assassiné aucun homme politique ; une estime imméritée ne l’avait point entourée ; elle n’avait pas volé un pouvoir trompeur ; elle n’était pas une grande criminelle : elle n’était qu’une pauvre honnête femme qui avait essayé de nourrir ses enfants par son travail et qui, désespérée, avait tenté de les entraîner avec elle dans la mort. Son cas n’était pas intéressant.