Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

aussitôt. Si elle s’endort la nuit, un cauchemar horrible la réveille et l’on a pu craindre pour sa raison. Les promesses de l’avenir n’éveillent dans son cœur qu’un seul sentiment : l’amer regret du secours venu trop tard. On lui parle d’une coopérative de couture à laquelle elle pourra s’associer, en gagnant un bon salaire : ses yeux s’emplissent de douleur parce que maintenant, misère ou bien-être lui sont indifférents. Elle est plus désespérée, peut-être, que le jour où elle s’étendit à côté du réchaud fatal. Recouvrera-t-elle jamais, non pas même la joie, mais l’instinct de la vie ? Sourira-t-elle quelque jour à sa sœur dont l’incomparable dévouement s’attachera à cette œuvre de résurrection ? Nous n’oserons nier que ce miracle soit impossible. Vous le voyez, messieurs, je n’envisage même pas la possibilité pour les hommes de cœur que vous êtes, de briser par une condamnation aussi imméritée que cruelle, cette créature de tendresse et de courage, isolée jusqu’ici dans une détresse trop grande, en qui palpite encore une étincelle de vie qui peut se ranimer au souffle de l’amour. Ce ne sont pas