Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

besoin pour subsister), que pouvait cette malheureuse ? Elle a lutté, et je n’oserais dire à quels abîmes son abnégation est descendue, puis un soir, elle s’est avouée vaincue et elle s’est couchée pour mourir avec ses deux enfants ! Ah ! que la société qui, aujourd’hui, l’accuse d’un crime, n’était-elle là pour la sauver à l’heure où, de ses derniers sous, elle acheta le charbon qui devait les libérer toutes trois de la lente mort par la faim ?

Après quelques mots brefs sur l’arrivée à l’hôpital et le revoir des deux sœurs, l’avocat décrivit l’état actuel de Geneviève :

— Malgré les soins qui l’entourent, malgré la sécurité de l’avenir, malgré l’affection précieuse qu’elle a retrouvée, Geneviève est brisée. La souffrance morale et physique, le remords, semblent avoir épuisé sa capacité vitale. Au patronage où la clémence du juge d’instruction l’a confiée, pas un mot de reproche n’a pu être adressé à cette pauvre créature. Elle pleure, elle coud, elle pleure… Parfois, la visite quotidienne de sa sœur amène dans ses yeux une lueur qui s’éteint