29
Un autre monde s’ouvrait à elle. Ignorante elle
n’aurait su se répéter les vers célèbres :
La musique apaise, enchante et délie
Des choses d’en bas…
Mais elle se sentait soudain libérée des soucis
mesquins et vulgaires dont sa vie était remplie ;
elle voguait vers ce mystérieux royaume de
l’oubli et du rêve où s’effacent les souvenirs,
au seuil duquel expirent les ennuis, d’où l’âme
revient rafraîchie et lumineuse. L’aiguille de la
petite servante courut plus légère, sans que sa
main fût distraite, et un rayon d’amour éclaira
ses prunelles. Étonnée, elle vit qu’elle était.
arrivée au bout de sa tâche. Elle se leva, plia
la robe, puis traversa la salle à manger sur la
pointe du pied et se tint immobile devant la
porte entre-bâillée du salon. Son visage se reflé-
tait dans une glace et Marguerite l’aperçut en
face d’elle.
-
Entrez donc, Geneviève, puisque vous
trouvez ma chanson jolie.
-
Oh ! mademoiselle.
Tenez, je vais vous en dire une autre qui
vous plaira mieux encore peut-être. Passez-moi
2.
Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/34
Cette page n’a pas encore été corrigée
29
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE