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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/341

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

À celles qui jouissent, vous direz les maux des travailleuses de l’aiguille ; à celles qui souffrent vous parlerez d’entente et d’association pour la lutte qui les affranchira. Vous serez écoutée des unes et des autres, parce que tout ce que vous direz, vous l’aurez souffert et vécu !

Geneviève leva les yeux sur l’avocat.

— Je ne vous comprends guère. À qui parlerai-je et qui m’écoutera ? Je suis trop faible pour ce que vous semblez attendre de moi. Je ne comprends rien moi-même à mon émotion !

— C’est l’appel de la vie, l’appel de toutes celles qui ont besoin de toi, dit Marguerite d’une voix basse et tendre !

— La vie ?… murmura Geneviève qui d’un geste lamentable laissa retomber sa tête sur l’épaule de sa sœur. Qu’avait été la vie pour elle, sinon une route d’agonie ?

Marguerite tourna les yeux vers leur ami. Le regard de Valdier chargé d’une vie intense couvrait leur couple enlacé avec un intérêt passionné. Il prit la main libre de la jeune fille et très doucement la baisa. Elle rougit un peu et