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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/340

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

récit, ceux qui l’écoutaient, devinèrent un inconscient désir de lutte, un vœu non formulé.

Trop émue pour parler, Marguerite se leva et s’agenouillant devant l’ouvrière dont un de ses bras enserrait la taille, elle baisa sa main nue…

— Que fais-tu ? s’écria Geneviève.

— Votre sœur salue votre résurrection, dit la voix profonde de Raymond Valdier. Vous venez d’entendre l’appel qui seul pouvait vous arracher à votre douleur ! La plus grande tendresse devait être impuissante à ressusciter en vous le désir de vivre : il fallait qu’il jaillit des profondeurs de votre cœur, ému de pitié pour d’autres ! Vous avez raison, madame, il faut une voix pour dire aux femmes les souffrances des autres femmes, pour les troubler dans leur quiétude égoïste, pour éveiller leur cœur ! Des voix qui savent ont parlé déjà ; mais la voix des opprimées n’a pu encore s’élever. J’ai toujours pensé que vous recouvreriez seulement la force de vivre le jour où la révélation vous serait apportée du service que vous pouvez rendre à celles que brise un travail accablant.