43
dit le nom à personne et dont elle ignorait
elle-même, il y a peu de jours, qu’elle désirât
la présence ! Elle avait rencontré Bernard deux
ou trois fois depuis qu’il ne travaillait plus
chez les Varenne. Il était venu la trouver à la
sortie de l’église et ils avaient causé. Bernard
était amusant ; il tenait des propos qui fai-
saient hausser les épaules, mais qui n’étaient
point sots. Bernard avait raison de dire que la
vie était injuste et dure aux pauvres. Si
Marguerite n’avait pas été là, Geneviève eût.
détesté sa vie de servitude. Marguerite était
bonne et, quant à Bernard, Geneviève n’eût su
dire s’il était bon ou méchant, mais ses yeux
et ses paroles lui avaient appris qu’elle était
jolie. Pour lui elle n’était pas une petite chose
insignifiante ou pitoyable, elle avait sa valeur,
elle était un objet de désir et d’admiration. A
la fin de septembre Bernard lui avait écrit
deux fois. Il disait qu’il s’ennuyait de sa petite
amie. N’allait-elle pas revenir bientôt ? A partir
du premier dimanche d’octobre, il irait l’attendre
devant l’église Saint-Paul, car il espérait qu’elle
n’avait pas encore perdu la bonne habitude
T
Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/48
Cette page n’a pas encore été corrigée
43
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/5c/Compain_-_La_vie_tragique_de_Genevi%C3%A8ve%2C_1912.pdf/page48-1024px-Compain_-_La_vie_tragique_de_Genevi%C3%A8ve%2C_1912.pdf.jpg)