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bains, comme une bourgeoise, alors que je
restais à turbiner en ville.
Ils s’en allèrent sous les platanes dont les
feuilles dorées jonchaient déjà le sol ; elle, gra-
— cieuse et modeste, lui, beau garçon, bien mis
dans son complet de drap marron qui ouvrait
sur un plastron très blanc, barré d’une cra-
vate couleur cerise. Et c’était, sous la parure
automnale des arbres, le printemps éternel qui
passait.
Elle se sentait maintenant presque en con-
fiance avec lui, mais elle tenait toujours les
yeux baissés, contente d’entendre la voix mâle
et caressante du jeune ouvrier, gênée dès
qu’elle rencontrait son regard.
Il lui offrit de s’arrêter dans un café. Elle
refusa. Elle se savait en retard. Non, il fallait
maintenant prendre le plus court chemin pour
rentrer.
Oh ! vous avez bien encore quelques
minutes, dit-il. Venez par ici, le détour ne
sera pas long et je veux vous montrer quelque
chose, quelque chose qui vous attend aussi,
avec plus d’impatience que la mère Varenne.
3.
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE