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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/7

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

robe, entourée de vases sans beauté où l’eau fraiche attendait les fleurs.

Petite, vêtue d’un grand sarreau bleu, avec un teint rose où brillaient des yeux bruns très doux, une jeune fille de seize à dix-huit ans entra, les bras chargés d’aubépines, de marguerites, de troènes, de toute la moisson embaumée et blanche que mai fait lever sur la terre. Avec des gestes soigneux et vifs, elle déposa les branches fleuries sur l’autel improvisé, tandis qu’une lumière plus gaie éclairait le velours de ses yeux.

L’orphelinat était laïque et ne contenait point de chapelle, mais la directrice avait autorisé les enfants à célébrer le mois de Marie et, à tour de rôle, une des grandes recevait la permission d’orner la salle où, le soir venu, retentissaient les chants pieux qui trompaient l’exaltation des jeunes cœurs.

Geneviève souriait à la petite Vierge, aux fleurs qui maintenant l’entouraient de leurs effluves parfumés. Cette heure de grâce et de solitude, c’était la récompense de sa longue journée de travail à l’atelier, l’heure de rêve