Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 074, 1872.djvu/1228

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de la déposer sur une feuille. La transpiration des doigts n’est pour rien non plus dans le phénomène, car cette curieuse propriété peut être communiquée aux substances animales à travers du papier ciré fin, et en ne maniant ces substances qu’avec des instruments en acier. Enfin il n’y a aucun inconvénient à entourer ces substances d’une couche de cire, pour mettre la plante à l’abri de l’action chimique des matières solubles que les substances animales pourraient contenir.

» Un animal vivant communiquant, par simple contact, de nouvelles propriétés physiques à un corps inerte, il était important de s’assurer si, en exagérant cette transmission de propriété, on n’arriverait pas, à observer quelques changements dans l’état vital de l’animal. Des lapins ont été enfermés dans des cages légères en bois ; ces cages étaient assez étroites pour que leurs parois fussent constamment en contact avec les poils des lapins, soit d’un côté, soit de l’autre, et les parois de la cage étaient flanquées extérieurement de sachets en toile ou en papier, renfermant pour chaque cage deux kilogrammes de sérum desséché (albumine du sang). D’autres lapins ont été enfermés dans des cages exactement semblables, mais non garnies d’albumine. La nourriture se composait, par vingt-quatre heures, de 25 grammes d’avoine mondée et de feuilles de choux à discrétion. Au bout de quelques jours, les lapins soumis au contact de l’albumine sont devenus diabétiques à un haut degré quoique sans sucre, l’urée était rendue en quantité normale, mais les pertes en phosphate ammoniaco-magnésien étaient très-grandes, et ces lapins ont dépéri et perdu de leur poids. Les lapins qui n’étaient pas en contact avec l’albumine sont restés dans leur état normal et ont même un peu augmenté en poids.

» Il était intéressant de s’assurer si l’avidité de la Droséra pour les insectes était insatiable, et de rechercher ce qu’elle deviendrait si l’on exagérait sur elle le contact d’un animal vivant ou le contact de matière animale inerte, modifiée par un contact d’animal vivant. Des Droséras ont été placées, avec une petite motte de terre et suffisamment d’eau, dans des capsules légères en platine. Ces capsules ont été déposées chacune sur une poignée d’albumine du sang, qu’on avait eu soin de tenir pendant une demi-heure dans la main. Au bout de vingt-quatre heures, toutes ces Droséras sont devenues complètement insensibles aux insectes et aux corps organiques animaux, modifiés par un contact vivant. Les propriétés de ces plantes sont devenues inverses, et, chose merveilleuse, leurs cils se contractent alors sous l’influence de matières organiques qui avaient d’abord été mises en contact, pendant quelques minutes, avec des paquets en papiers à double ou triple enveloppe,