Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/240

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mis de la liaison entre les parties détachées de ces idées complexes ; cette union, qui n’a aucun fondement particulier dans la nature, cesseroit, s’il n’y avoit quelque chose qui la maintînt »[1]. Ce raisonnement devoit, comme il l’a fait, l’empêcher de voir la nécessité des signes pour les notions des substances : car ces notions ayant un fondement dans la nature, c’étoit une conséquence que la réunion de leurs idées simples se conservât dans l’esprit sans le secours des mots.

Il faut bien peu de chose pour arrêter les plus grands génies dans leurs progrès : il suffit, comme on le voit ici, d’une légere méprise qui leur échappe dans le moment même qu’ils défendent la vérité. Voilà ce qui a empêché Locke de découvrir combien les signes sont nécessaires à l’exercice des opérations de l’ame. Il suppose que l’esprit fait des propositions mentales dans lesquelles il

  1. L. 3. C. 5 §. 10.