Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les révolutions amenées par le perfectionnement général de l’espèce humaine doivent sans doute la conduire à la raison et au bonheur. Mais par combien de malheurs passagers ne faudrait-il pas l’acheter ? Combien l’époque n’en serait-elle pas reculée, si une instruction générale ne rapprochait pas les hommes entre eux, si le progrès des lumières toujours inégalement répandues devenait l’aliment d’une guerre éternelle d’avarice et de ruse entre les nations, comme entre les diverses classes d’un même peuple, au lieu de les lier par cette réciprocité fraternelle de besoins et de services, fondement d’une félicité commune ?

Division de l’instruction publique en trois parties.

De toutes ces réflexions, on voit naître la nécessité de trois espèces d’instruction très distinctes.

D’abord, une instruction commune où l’on doit se proposer :

1° D’apprendre à chacun, suivant le degré de sa capacité et la durée du temps dont il peut disposer, ce qu’il est bon à tous les hommes de connaître, quels que soient leur profession et leur goût ;

2° De s’assurer un moyen de connaître les dispositions particulières de chaque sujet, afin de pouvoir en profiter pour l’avantage général ;

3° De préparer les élèves aux connaissances qu’exige la profession à laquelle ils se destinent.

La seconde espèce d’instruction doit avoir pour objet les études relatives aux diverses professions qu’il est utile de perfectionner, soit pour l’avantage