Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/197

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commun, soit pour le bien-être particulier de ceux qui s’y livrent.

La troisième enfin, purement scientifique, doit former ceux que la nature destine à perfectionner l’espèce humaine par de nouvelles découvertes ; et par là faciliter ces découvertes, les accélérer et les multiplier.

Nécessité de distinguer, dans chacune, l’instruction des enfants et celle des hommes.

Ces trois espèces d’instruction se divisent encore en deux parties. En effet, il faut d’abord apprendre aux enfants ce qu’il leur sera utile de savoir, lorsqu’ils entreront dans la jouissance entière de leurs droits, lorsqu’ils exerceront d’une manière indépendante les professions aux-quelles ils sont destinés ; mais il est une autre espèce d’instruction qui doit embrasser toute la vie. L’expérience a prouvé qu’il n’y avait pas de milieu entre faire des progrès ou des pertes. L’homme qui, en sortant de son éducation, ne continuerait pas de fortifier sa raison, de nourrir par des connaissances nouvelles celles qu’il aurait acquises, de corriger les erreurs ou de rectifier les notions incomplètes qu’il aurait pu recevoir, verrait bientôt s’évanouir tout le fruit du travail de ses premières années ; tandis que le temps effacerait les traces de ces premières impressions qui ne seraient pas renouvelées par d’autres études, l’esprit lui-même, en perdant l’habitude de l’application, perdrait de sa flexibilité et de sa force. Pour ceux mêmes à