Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/225

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politique qui rend presque impossible tout progrès vers le perfectionnement de la constitution et des lois.

Cette opinion est bien contraire à celle de ces prétendus philosophes qui veulent que les vérités même ne soient pour le peuple que des préjugés ; qui proposent de s’emparer des premiers moments de l’homme pour le frapper d’images que le temps ne puisse détruire, de l’attacher aux lois, à la constitution de son pays par un sentiment aveugle, et de ne le conduire à la raison qu’au milieu des prestiges de l’imagination et du trouble des passions. Mais je leur demanderai comment ils peuvent être si sûrs que ce qu’ils croient est ou sera toujours la vérité ? De qui ils ont reçu le droit de juger où elle se trouve ? Par quelle prérogative ils jouissent de cette infaillibilité qui seule peut permettre de donner son opinion pour règle à l’esprit d’un autre ? Sont-ils plus certains des vérités politiques que les fanatiques de toutes les sectes croient l’être de leurs chimères religieuses ? Cependant le droit est le même, le motif est semblable ; et permettre d’éblouir les hommes au lieu de les éclairer, de les séduire pour la vérité, de la leur donner comme un préjugé, c’est autoriser, c’est consacrer toutes les folies de l’enthousiasme, toutes les ruses du prosélytisme.

L’instruction doit être la même pour les femmes et pour les hommes.

Nous avons prouvé que l’éducation publique