Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/320

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social. Cette indépendance est le remède le plus sûr que l’on puisse opposer aux coalitions qui se formeraient entre ces pouvoirs, et introduiraient dans une constitution en apparence bien combinée un corps de gouverneurs séparé de celui des gouvernés. C’est le seul moyen de s’assurer que l’instruction se réglera sur le progrès successif des lumières, et non sur l’intérêt des classes puissantes de la société, et de leur Ôter l’espérance d’obtenir du préjugé ce que la loi leur refuse. C’est le moyen de se préserver sûrement de la perpétuité de doctrine si chère aux hommes accrédités, qui, sûrs alors de la durée de certaines opinions, arrangent d’après elles le plan de leurs usurpations secrètes.

L’instituteur et l’institutrice mis à la tête des établissements destinés à l’éducation des élèves entretenus par la nation, seraient d’abord choisis sur une liste des personnes déclarées capables par la société savante, et on exigerait au moins des hommes quelques années d’exercice de la profession de maître. L’inspecteur des études choisirait sur cette liste cinq personnes, parmi lesquelles les électeurs du district ou du département feraient un choix. Ici, comme il ne s’agit point d’une instruction donnée dans une école publique, mais d’une institution particulière qui a sur les mœurs et sur le caractère une influence plus directe, comme c’est un ministère de confiance, et que la capacité une fois assurée, tous les citoyens sont juges des qualités morales qui doivent mériter la préférence, le choix ne peut être confié avec justice qu’aux représentants immé-