Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/327

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tituer le bavardage à la raison, les connaissances qui amusent à celles qui instruisent, les petites choses qui étonnent un moment à celles qui perfectionnent réellement la raison. En admettant l’examen public pour les élèves, on ne s’écarte pas de ces principes ; en effet, il est aisé de voir que la facilité est, à l’époque où on les y soumet, presque le seul signe de talent qu’ils puissent donner ; il est clair aussi que les témoins de l’examen, quelques prévenus qu’ils soient, ne les croiront pas plus habiles que des maîtres, et qu’ainsi leur hardiesse dans la dispute n’en imposera pas. On a proposé de faire concourir les élèves à la nomination des maîtres je crois ce moyen aussi dangereux que le concours d’ailleurs, il ne pourrait être admis que pour les enseignements dans lesquels les élèves, destinés à des professions qui exigent beaucoup de connaissances ou à l’étude des sciences, sont déjà des hommes instruits ; ainsi, ce moyen n’est pas applicable à la partie de l’instruction publique dont nous traitons ici.


Les maîtres doivent être payés sur le trésor public.


Les maîtres auront des appointements sur le trésor public, et non des honoraires payés par leurs élèves. On a prétendu qu’il pourrait y avoir plus de justice dans cette dernière méthode de salarier les maîtres. Mais 1° l’instruction publique n’est pas seulement utile aux familles des enfants qui en profitent, elle l’est à tous les citoyens ; ce second genre d’utilité générale et moins direct doit même être placé au pre-