Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/342

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l’autre, avec leurs conséquences pour la moralité de celui qui les fait ; l’un apprendrait à juger les actions, à prononcer entre deux conduites opposées ; l’autre, à reconnaître les effets d’une habitude pour les prévenir ou en profiter.


Utilité et difficulté de substituer dans l’économie rurale à une routine aveugle une pratique éclairée par l’observation.


L’économie rurale n’est, en général, que l’application de ce que l’expérience a fait connaître de plus certain, de plus profitable, sur les procédés de l’agriculture et l’éducation des bestiaux. Cette expérience se réduit presque partout à d’anciens usages que l’on suit, non parce qu’ils sont les meilleurs, mais parce qu’ils conduisent d’une manière presque sûre à tirer de son exploitation le produit sur lequel on a fait ses arrangements antérieurs. On donne tant pour l’acquisition d’une terre, pour sa location, parce que l’on sait que cette terre exploitée avec un peu plus, un peu moins de soin, et en suivant la méthode usitée, coûtera tant de frais de culture, et produira une récolte donnée. Ainsi, ces combinaisons économiques n’ayant elles-mêmes été faites que d’après les usages établis, leur succès ne prouve pas la bonté de ces usages ; l’homme qui cultive bien est celui qui recueille cinq pour un, tandis que son voisin ne recueille que quatre et demi ; ou celui qui, donnant d’une terre égale autant qu’un autre fermier, en retire un profit plus grand ; mais cette supériorité ne