Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/380

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rivalités, ni faire prendre l’habitude de l’hypocrisie ni être distribués par la faveur ou la corruption.

On peut compter encore parmi les moyens d’instruction, l’influence qu’un goût perfectionné a sur la morale des peuples. Les nations qui dans les arts, qui dans les lettres, ont un goût noble et pur, ont aussi dans les mœurs et dans leurs vertus plus de douceur et plus d’élévation. Il est possible que tantôt les mœurs perfectionnent ou dépravent le goût, et que tantôt le goût les épure ou les corrompe ; mais peu importe que l’un des deux ait le premier agi sur l’autre, puisque bientôt cette action devient réciproque, et que ces habitudes de l’esprit ou de l’âme finissent nécessairement par être à l’unisson.

Je parlerai des arts lorsqu’il sera question de l’instruction relative aux professions diverses.

Je me bornerai à dire ici que l’exemple des monuments qui dépendent de la puissance publique suffit pour former le goût général, et l’emporter sur la bizarrerie des fantaisies particulières. Ces monuments sont vraiment les seules productions des arts qui existent habituellement sous les yeux du peuple, entretiennent le goût et l’émulation des artistes. Quant aux goût dans les lettres, s’il est pur, s’il est sain dans les ouvrages composés par ordre de la puissance publique, il se conservera ou il se formera dans le peuple.


Les effets d’un nouveau système d’instruction ne peuvent être que graduels.


On se tromperait si l’on croyait pouvoir recueil-