Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/433

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même à l’homme de génie, plus utile à celui d’un talent borné, qui ne peut mériter un peu de renommée que par des travaux assidus et multipliés. Tant que les hommes auront besoin de gloire pour se livrer au travail, tant que les sciences seront une sorte d’état, et non l’occupation paisible de ceux qui n’ont pas besoin de fortune, tant que des gouvernements mal combinés exerceront sur tous les objets une inquiète et fatigante activité, emploieront une multitude d’agents, et les enlèveront à une vie paisible et occupée, les sociétés savantes seront encore nécessaires aux progrès des lumières. C’est d’elles qu’émane, pour ceux qui les composent, cette célébrité peu bruyante dont ils se contentent, mais qui leur coûterait trop d’efforts, qui souvent leur échapperait, s’ils étaient obligés de l’acquérir par des suffrages dispersés. Elles seules peuvent encourager les talents qui ont peu de juges, les travaux qui ne peuvent acquérir de mérite ou d’éclat aux yeux vulgaires qu’après avoir été suivis en silence souvent pendant une vie entière.


Elles accélèrent la communication des lumières.


Ces sociétés seront plus longtemps utiles sous un autre point de vue bien plus important. C’est par le moyen de leurs mémoires, publiés périodiquement, que toutes les découvertes, les observations, les expériences, et même les simples vues, les projets de recherches peuvent être répandus et conservés.

Ces vérités isolées, qui seraient restées inconnues