Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/455

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L’imprimerie a rendu l’instruction plus facile en la rendant moins chère, mais elle n’a facilité que l’instruction par les livres ; et celle que l’on doit recevoir par l’observation et l’expérience, celle qui exige des instruments, des machines, des expériences, est encore restée et restera longtemps au-dessus des facultés de la très-grande pluralité.

Plus vous voulez que les hommes exercent eux-mêmes une portion plus étendue de leurs droits, plus vous voulez, pour éloigner tout empire du petit nombre, qu’une masse plus grande de citoyens puisse remplir un plus grand nombre de fonctions, plus aussi vous devez chercher à étendre l’instruction ; et puisque toutes nos lois doivent tendre à diminuer l’inégalité des fortunes, il ne faut plus compter, pour les dépenses nécessaires aux progrès des lumières, sur les richesses individuelles. On a trouvé que, dans le plan présenté à l’assemblée législative, on accordait trop de pouvoir à une société savante ; mais alors le pouvoir exécutif général était entre les mains d’hommes choisis par le roi ; mais alors il devait arriver que le ministère chercherait à s’unir avec les administrations départementaires, pour se donner une force capable de balancer le pouvoir législatif. Il était donc important, nécessaire d’ôter au gouvernement, non-seulement toute action directe sur l’instruction, mais même de ne lui laisser aucune influence indirecte. L’abolition de la royauté peut donc permettre de faire à cette partie du plan des changements utiles ; mais il n’en faut pas moins concilier ces deux principes, que le gouvernement n’ait